jeudi 20 décembre 2012

OLD FASHIONED - NOUVELLES


Il est là ! Pour ceux qui l'attendaient et ceux qui ne l'attendaient pas. 
Il est beau. 
Vous pouvez vous le procurer en cliquant Ici

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jeudi 23 août 2012

Billet de mauvaise humeur


Photographie Martin Parr

Le vacancier



En Bretagne, on l’appelle « l’estivant », le vocable varie en fonction du terroir. De la République Dominicaine au littoral atlantique, qu’il vienne d’Allemagne, de l’autre pays du fromage ou de notre France rieuse, le vacancier sublime la nature humaine. Il ne faut pas le confondre avec le touriste.

Un touriste qui se respecte a conservé un supplément d’âme d’explorateur. Il lui reste quelques bribes de curiosité intellectuelle, une place pour la découverte du monde et de l’autre (enfin en principe, car le touriste cherche à donner des leçons au monde entier ce qui peut être parfois très rasant). Bref revenons à nos moutons avec une démonstration simple. 

Le touriste ira explorer les caves du bordelais, découvrir les sites ostréicoles, noter la recette du cannelé. 

 Le vacancier aura fait en moyenne 800 kilomètres (en 12 heures minimum car il n’a pas écouté les prévisions de bison futé) pour explorer la superficie minable de sa terrasse surexposée tout en se gavant de promiscuité.  Il restera là du matin au soir. La teneur en alcool des boissons consommées augmentera au fil des heures : café, rosé d’ici ou d’ailleurs, bière et le sacro saint apéritif anisé de la nuit tombante, on finira avec la Mirabelle de derrière les fagots dissimulée avec talent sous le plaid au fond du coffre, histoire de partager avec les voisins… Dommage l’éthylotest n’est pas obligatoire dans les bungalows. 

Le vacancier accepte de payer en moyenne 2000 euros la quinzaine pour habiter dans un endroit exigu avec toute sa tribu, le prix du mètre carré dépassant alors celui des logements en région parisienne (1000 euros la semaine pour une vingtaine de mètres carrés pour cinq personnes). A cela,  il faut ajouter l’emplacement de la voiture, heureusement les rottweilers ne sont pas acceptés même muselés. 

Le confort du logement est une réplique délocalisée et dévalorisée du confort domestique habituel : on doit se taper la vaisselle, il faut aller à 300 mètres laver son linge (les jetons sont vendus 5 euros), le voisinage a le plaisir de voir sécher la lingerie XXL et les strings des petites oies qui gloussent sous les fenêtres jusqu’à deux heures du matin. 

Une étude sociologique devrait être menée sur les serviettes de plage : ta serviette me dit qui tu es… le dauphin dans l’effort, l’équidé et sa majesté galopante, la carte de la Martinique décolorée, les héros de dessins animés et les pétasses siliconées. C’est un spectacle flamboyant tous les soirs sur les rambardes des bungalows.

On peut manger sur la terrasse si on aime les guêpes à midi et les moustiques le soir, mais surtout si on aime partager son repas avec une dizaine d’autres terrasses. On peut en perdre l’appétit. Le vacancier s’en accommode, il partage les effluves des repas des autres comme ses conversations. 

Le meilleur reste à venir pour le vacancier : la soirée animation, le petit supplément contre l’ennui programmé. Pour changer de la télé, on va s’installer au « Forum » pour écouter un animateur au QI de flétan brailler dans un micro. Surgomminé, la chemise ouverte sur une chaine plaquée rutilante, il fait du gringue aux femmes esseulées. On le soupçonne d’avoir un plan du camping sur lequel il aurait épinglé ses proies. Et là, c’est la fête jusqu’à 2 heures du matin, avec le caisson de basse au max, pour bien vous faire comprendre que vous êtes un touriste égaré. 

 
J’ai des boules Quies.
J’ai testé le mobile home sous 40 °C, c’est comme un four avec des fenêtres.
J’ai testé la soirée Ricard avec les « hôtesses » en mini-shorts.
J’ai testé le super-U pour les courses du premier jour.
Et aujourd’hui je teste la coupure d’eau générale… Refoulement des eaux usées dans la piscine (petit bain seulement).

Samedi, le ronron des moteurs reprendra dès 7 heures pour la transhumance, on ne ramènera rien car le coffre était déjà trop petit à l’aller. Le vacancier s’en retourne !

Ses collègues lui diront qu’il a bonne mine au retour, lui il pense déjà à l’immobilité de l’année prochaine, sur une autre terrasse qui ressemblera à toutes les autres. 

L’été prochain, je pars avec un champion olympique de judo, ça ne rentre pas dans un mobile home…