mardi 1 novembre 2011

Jésus revient



C’est en revenant du cimetière qu’elle prend sa décision. Elle partira chez sa cousine Lucette un peu avant Noël.

C’était sa première veillée de Toussaint depuis la mort de son mari Hyacinthe. Ce grand boloko là s’était fracassé le crâne avec sa grenat en arpentant la route poussiéreuse qui  menait à Morne-à-l’eau. Le casque ne faisait pas partie de son équipement, sa touffe crépue indomptable fournissait une excuse incontestable.
On avait retrouvé un poulet déplumé et éviscéré coincé dans les rayons de la roue avant. Le volatile n’était pas le seul coupable. Depuis des années Hyacinthe courait après le maillot jaune, son foie était confit et enflé, ses jambes fluettes comme des cannes à sucre.
Sa grenat était invariablement garée près des licences IV. L’argent du ménage ne suffisait plus à étancher sa soif. Marie-Philomène s’étonnait que cela ne soit pas arrivé plus tôt. Le Seigneur veillait sur lui et avait assurément posé un pilote automatique sur le guidon de sa mobylette. Le poulet l’ayant envoyé de vie à trépas, Marie-Philomène n’aurait plus à guetter chaque soir, le hoquet bruyant du moteur qui la préparait à assumer son devoir conjugal. Même imbibé jusqu’au dernier degré, Hyacinthe sortait de son pantalon un sexe flasque qu’aucune caresse ne réveillait. Il s’endormait ainsi, ses mains rugueuses sur les tétés de sa femme dans une félicité que ses ronflements ne perturbaient jamais. Elle se délivrait silencieusement de cette étreinte passive. Son rituel était immuable : en attendant de connaître l’extase, elle se servait un grand verre de Royal Soda ananas bien frais et implorait le ciel de découvrir un jour le plaisir. Elle essayait d’étouffer sa véritable nature, à presque cinquante ans Marie-Philomène était toujours chaude comme un piment Bondamanjak.

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