jeudi 10 novembre 2011

DAVE FOREVER


C'est un mardi de printemps. Un de ceux qu'on attend longtemps dans le silence enrubanné des écharpes. Dave se laisse porter par ce petit air de renouveau. Enfin ! se dit-il, la sève va remonter dans les bourgeons. Dave part travailler comme tous les jours à 17h 45. Il prend toujours le même tram, négocie ses virages de la même manière, se rend à la même boulangerie et demande une  baguette pas trop cuite afin de confectionner son sandwich jambon-emmenthal, élément incontournable de son dîner tardif. Plus tard dans les cuisines de l'Hôtel Continental, il étalera le beurre demi-sel avec le même couteau emprunté à Miguel, le cuisinier portoricain arrivé l'année dernière. Enfin, il se rendra au vestiaire dans lequel il enfilera sa tenue de travail  et sera parfaitement à l'heure pour commencer son service. 

Dave est barman, il s'occupe avec zèle d'une clientèle exigeante. Il a même gagné deux ans auparavant le « Trophée Mr Cocktail ». Dave règle sa vie avec minutie, mesure ses émotions dans son verre doseur mais n'agite jamais ses souvenirs au shaker. Dave contrôle, cloisonne, la monotonie le rassure. Il a raison, car si pour certains le hasard fait bien les choses, il ne peut en toute lucidité adhérer à ce lieu commun. 


Le jour de sa naissance, le père étant inconnu au bataillon, et la mère un peu dérangée, la photo traditionnelle du couple transfiguré par l'heureux avènement  fut reportée sine die. En hommage au chanteur de variété qu'elle écoutait en boucle, sa mère l'avait affublé d'un prénom qui s'accordait de façon contestable avec son patronyme. C'est un départ difficile dans la vie.


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Gautier-Languereau